La Propagation du Chaos
Webzine Culturel Alternatif
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MATTHEW HERBERT BIG BAND - GOODBYE SWINGTIME
Le Takashi Miike de la musique électronique nous revient avec un orchestre de jazz et nous livre une galette réjouissante et on ne peut plus surprenante...

Matthew Herbert Bing Band - Goodbye SwingtimeGOODBYE SWINGTIME

10 titres
accidental
2003


C’est au cours de l’été 2002 que je devais avoir un de ces chocs scéniques qui ne s’oubli pas de sitôt, que l’on traîne dans un coin obscur de sa tête et que l’on se remémore avec plaisir en se disant "Je suis content d’y avoir été". Ce choc scénique fut la prestation de Radio Boy lors de l’édition 2002 du Sonar dans la flamboyante ville de Barcelone. Un set d’une heure où Radio Boy, visiblement fâché contre la société de consommation nous délivre une musique bruitiste et étrangement dansante à l’aide de la destruction physique d’objets de consommation de tous les jours (télévision, hamburger, soda, cassette vidéo…), une vision particulière de la "house" musique…

C’est plus tard, remis de mes émotions que je devais apprendre que Radio Boy n’est qu’une des nombreuses identités de Matthew Herbert, compositeur touche à tout qui dispose d’autant d’alias que d’identités musicales. Véritable musicien accompli (il apprend le violon et le piano à l’âge de 4 ans), accompagné dans sa découverte du monde musical dès son jeune âge par un père ingénieur du son à la BBC et un professeur qui lui fait découvrir les standards du jazz et Steve Reich, Matthew Herbert se passionne alors pour le sampler. Seulement là où la majorité des musiciens en herbe utilisent le sampling pour accoucher de morceaux éculés ressassant les même sons "trop propres", Herbert décide très tôt de contraindre sa musique à l’originalité en se basant sur un dogme à la manière de Lars Von Trier pour le cinéma… mais sans la prétention qui va avec. Rédigé à partir de 11 règles très strictes (en attendant une éventuelle mise à jour), ce dogme (ou PCCOM pour Personal Contract for the Composition Of Music) établit un code de conduite à respecter afin d’éviter que les facilités du sampling et de la technique ne nivelle son art musical : Parmi celles-ci on trouvera par exemple :

- Le sample de morceaux d’autres artistes est interdit
- L’usage de sons qui existent déjà est inenvisageable

Voilà un homme de principes…

C’est donc avec une certaine excitation que l’on attendait son projet Matthew Herbert Big Band avec l’album Goodbye Swingtime. Lassé de réaliser sa musique individuellement en face à face avec son poussiéreux et fidèle Casio CZ-1, Herbert décide de s’entourer d’une vingtaine de musiciens et chanteurs (une big band quoi !) afin de retrouver la nostalgie d’une époque où l’on ne pouvait pas s’en tenir à l’électronique, où chacun à son rôle à jouer, où la réussite de la composition dépend autant de la prestation du pianiste, que du premier saxe ou du trompettiste. A la manière d’Aphex Twin sur certaines pistes de son album Drukqs qui mêlait le piano avec des sons électroniques, Herbert mixe ces compositions jazz en parsemant les morceaux d’inserts électroniques réalisés à partir de samples des sessions d’enregistrement.

Le résultat de tout cela ? Un album réjouissant à des kilomètres des recettes périmées Future Sound of Jazz. Un vrai disque de jazz "nostalgique", dynamisé et renforcé par les samples de Herbert qui donnent une sonorité furieusement moderne à l’ensemble. On appréciera avec surprise les nombreuses voix invitées à travers les 10 morceaux. Arto Lindsay fredonne de sa voix intemporelle sur le swinguant Fiction, Dani Siciliano (collaboratrice de longue date de Herbert dont le dernier album Likes…est dans les bacs) vous ensorcèle sur le ludique Chromoshop sans oublier la voix si particulière de Shingai Shoniwa sur le tonifiant, détonant et ultra dansant Misprints (Le morceau de l’album !). Les autres pièces uniquement instrumentales ne sont pas en reste et étonnent par leur vivacité et par leurs développements rythmiques incessants qui vous empêchent d’écouter l’album dans la position assise (d’où une certaine difficulté à écrire cette chronique)…

Après le destructuré The Mechanics of destruction (2001), baigné dans une ambiance noire et pugiliste, Goodbye swingtime permet de découvrir un nouveau pan des capacités et du talent éclectique de Matthew Herbert. L’excellence de la production sonore est toujours là, la surprise et l’étonnement sont toujours au rendez-vous, l’enchantement, plus que présent au son de ces compositions mélodieuses et intemporelles.

Extrait de Misprints (207 ko/ MP3)
Extrait de The many and the few (228 ko/ MP3)


Néo Small Band
Néo Bàkà Gaijin
04/02/2004

WEB LIST
www.magicandaccident.com
Le site officiel de Matthew Herbert. Sa biographie (incomplète ;-), son dogme, ses alias, sa discographie complète. Tout pour découvrir une personnalité intrigante...


www.matthewherbert.net
Le site non officiel Français consacré à Matthew Herbert et à ses artistes amis.

http://laseine.tv/article.php3...
Photos et vidéo du concert de Matthew Herbert Big Bang à Beaubourg en 2003.

L'annuaire de liens de la Propagation

GALERIE D'IMAGES
Matthew Herbert sous le soleil
Le style Matthew Herbert
Herbert au sampler, la bing band aux instruments plus traditionnels
La big band
Le projet prend toute son ampleur en live
Matthew Herbert, 20 musiciens...
Ouch !
... en live ça doit le faire !!!!

 
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